En lisant la toute première question de l'interview de Tahar Rahim dans le magazine de Mc Do (enfin de mémoire il me semble que c'est là dedans ) je me suis dit " et toi, pourquoi tu as disparu de la toile ?" ; la question que le journaliste posait commençait par "Vous avez disparu de l'écran il y a un an...". Je n'ai pas été plus loin dans l'interview...
Alors que la vie m'offrait des mois de "vacances", des mois devant moi à faire ce que j'aime faire, je constate en fait que pendant tout ce temps je n'ai rien fait.
Alors que j'avais du temps pour écrire et je crois que les articles sur mon blog pour la période des cinq derniers mois, peuvent se compter sur les doigts de la main... allez mes deux mains si vous voulez...
Alors que j'ai fait acheter par Nounours de quoi occuper mes dix doigts à dessiner, mon bloc dessin n'a été salit que d'une seule page... le premier jour...
Alors que je me suis achetée 4 ou 5 bouquins, j'en ai commencé trois que je n'ai toujours pas terminé, bien qu'ils me suivent tout le temps dans mes bagages !
Certains m'ont dit de profiter de ce "temps libre" pour m'occuper de moi, pour "me repenser" ou autrement dit pour faire une introspection sur moi-même. Mouais. Ben j'ai rien fait de tout ça non plus !
On aurait envie de dire "Et bien qu'as-tu fait ?" En tout cas je me pose la question. Et franchement la seule réponse qui me vienne est "RIEN". Pourtant j'ai vraiment l'impression de ne pas m'avoir posé cinq minutes. Je garde en mémoire la major partie de mon temps passée à travailler pour mon boss alors qu'il n'en a aucune reconnaissance et qui me demandait mercredi encore d'être pragmatique quand je lui disais qu'il était hors de question de décaler mon vendredi à jeudi car cela ne ferait pas un mi-temps mais un 3/4 temps. J'ai passé aussi une autre partie de mon temps à préparer le mariage de ma fille. A booster Nounours dans ses démarches. A passer beaucoup de temps dans la voiture à faire des allers et venues.... Mais en dehors de ça, j'ai fait quoi ?
Du temps pourtant j'en ai eu. Entre le 11 juin et le 7 novembre, il s'est passé quand même 21 semaines, soit 147 jours ou encore 3 528 heures (à une ou deux heures près). Ca en fait du temps devant soi non ?
Et pendant toutes ces heures, j'ai mangé, j'ai dormi, j'ai pleuré, beaucoup pleuré... sur mon sort, sur celui de ceux que j'aime... j'ai râlé aussi parfois, mais je n'ai pas écrit (ou si peu), je n'ai pas dessiné, ni peint, ni joué, ni décompressé... et j'ai disparu de la toile. Mes blogs sont tous à l'abandon. Très peu ont été un jour mis à jour. Je me répète, mais c'est vrai que j'en avais le temps, mais certainement pas l'envie.
Et puis, qu'aurais-je pu publier ? Je n'ai jamais pris si peu de photos de toute ma vie. Avant mon accident, je prenais tout et n'importe quoi en photo. Je m'arrêtais sur le bord de la route (combien de fois ne me suis-je faite engueulée par mes filles ou par les autres voitures parce que je m'arrêtais pour une horloge, un arbre ou un oiseau ?). Mais maintenant non je ne le fais plus. Je passe devant, me disant "tiens faudrait que je la prenne en photo un de ces jours" mais je passe et je repasse sans jamais m'arrêter. Pourquoi ? mais pourquoi donc ?
Je n'en ai plus l'envie. J'ai l'impression que les choses ne me fascinent plus. Qu'elles ne me touchent plus comme avant. Qu'elles ont perdu de leur importance. Et que mes seuls blogs ne me motivent plus suffisamment pour reprendre l'appareil photo en main.
Ca a été d'autant plus flagrant pour le mariage de ma caille. Il y a deux ans je suis allée au mariage de mon neveu. Et bien figurez-vous que je suis revenue avec près de deux cents photos. Au lendemain du mariage de ma caille, je me suis rendue compte que je n'avais pas plus d'une dizaine de photos dont la moitié étaient inutilisables. Et je ne comprends pas pourquoi. Et aujourd'hui je cherche par monts et par vaux la famille qui voudra bien m'envoyer les photos qu'ils ont pu prendre.
Je me rends compte aussi que si j'ai pu mettre une photo en ligne des mariés, je n'ai pas les mots pour narrer leur mariage. C'est comme si je n'avais rien à en dire d'extraordinaire hormis que c'était un grand jour, un très grand jour. C'est comme si tout avait perdu de son intérêt, tout s'était banalisé.
Est-ce mon accident qui fait que tout soit devenu aussi banal autour de moi ? Est-ce la vie que je vis depuis ces 27 semaines qui me fait perdre le goût de vivre ? le goût de l'envie ? Tiens c'est marrant comme expression "le goût de l'envie" Pourtant ça me semble tellement triste.
Je me souviens ce que cela me faisait d'avoir envie d'écrire. Tiens tout comme ce soir. Tu es dans ton lit, une phrase t'interpèle, tu y penses trente secondes et vite tu te lèves pour aller chercher ton bloc et ton crayon. Et là tous les mots se bousculent et veulent sortir en même temps. C'est excitant et pourtant je l'avais perdu. Je n'écrivais plus. Je pensais... je me disais "tiens si je l'écrivais pour ne pas oublier" Mais je ne l'écrivais pas et l'oubliais. Ca aussi c'est triste ; surtout quand nos blogs sont censés raconter notre vie.
Pause : on revient à la réalité... Nounours m'interpèle sur une fonction géniale qu'il a trouvée sur le site qu'il est entrain de construire, m'explique tout le cheminement et là moi j'ai perdu le mien...
Résultat pour écrire il faut être seule ou au moins savoir profiter de ces moments de solitude et d'inspiration. Sauf que depuis 5 mois lorsque j'ai des moments de solitude, au bout de même trente minutes, je déprime et me retrouve à n'avoir plus envie de rien.
Et retour à la case départ...
(texte écrit le 07/11/11)